LA SATYRESSESATYRESSE
Renée Vivientrans. James Kirkup



Ô Vierges qui goûtez la fraîcheur des fontaines,

Êtres de solitude avides d'infini,

Fuyez la Satyresse aux prunelles hautaines,

Au regard que l'éclat du soleil a terni.

Sa fauve chevelure est semblable aux crinières

Et son pas est le pas nocturne des lions.

Sa couche a le parfum du thym et des bruyères.

Elle veut l'heure intense où sombrent les rayons:

C'est l'heure qu'elle attend pour emporter sa proie,

Les seins inviolés, les fronts et les yeux purs,

Qu'elle aime et qu'elle immole à l'excès de sa joie,

Qu'elle imprègne à jamais de ses désirs obscurs.

Son passage flétrit la fraîcheur des fontaines,

Son haleine corrompt les songes d'infini

Et verse le regret des luxures hautaines

Au rêve que l'odeur des baisers a terni.




O Virgins who love
the freshness of the fountains,
solitary ones
ravenous for infinites,
flee the Satyresse whose proud

orbs the sun's raldiance
has tarnished! Her tawny hair
is the lion's mane,
her steps the nightly prowlings
of panthers. Her couch holds scents

of thyme and heather:
she loves the rapturous hour
when the sun's rays die -
moment she waits for, to seize
her prey - inviolate breasts,

pure eyes in pure brows
she loves, and immolates in
passion's excesses,
permeates them for ever
with all her obscure desires.

When she passes by,
she withers all - the freshness
of the fountains fails
under her breath, that corrupts
dreamers of the infinite

whom she infects
with endless regrettings for
luxuriances
of the extreme, that the scent
of her kisses has sullied.

Trans. copyright © James Kirkup 2003


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