MON RÊVE FAMILIER | RECURRENT DREAM |
Paul Verlaine | trans. Stan Solomons |
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime, Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. Car elle me comprend, et mon coeur, transparent Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. Est-elle brune, blonde ou rousse? - Je l'ignore. Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore, Comme ceux des aimés que la Vie exila. Son regard est pareil au regard des statues, Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues. | I often dream this penetrating dream: A stranger, yet she is my lover. She understands me, and each time Is not the same, nor quite another. She understands me and my heart, Lucid for her alone, ceases to grieve. For she alone can soothe the hurt Her tears give to my soul relief. What colour is her hair? I cannot tell. Her name? Both resonant and gentle Like those belovèd exiles in the grave. Her gaze is like the sculpted stone. Her voice is distant, calm, and grave, Like those dear voices that have gone. |
Trans. Copyright © Stan Solomons 2005