GOÛTS ROYAUX | ROYAL TASTES |
Paul Verlaine | trans. Alistair Elliot |
Louis Quinze aimait peu les parfums. Je l'imite Et je leur acquiesce en la juste limite. Ni flacons, s’il vous plaît, ni sachets en amour! Mais, ô qu'un air naïf et piquant flotte autour D'un corps, pourvu que l'art de m'exciter s'y trouve; Et mon désir chérit, et ma science approuve Dans la chair convoitée, à chaque nudité, L'odeur de la vaillance et de la puberté Ou le relent très bon des belles femmes mûres. Même j'adore - tais, morale, tes murmures - Comment dirais-je? ces fumets, qu'en tient secrets, Du sexe et des entours, dès avant comme après La divine accolade et pendant la caresse, Quelle qu'elle puisse être, ou doive, ou le paraisse. Puis, quand sur l'oreiller mon odorat lassé, Comme les autres sens, du plaisir ressassé, Somnole et que mes yeux meurent vers un visage S’éteignant presque aussi, souvenir et présage De l’entrelacement des jambes et des bras, Des pieds doux se baisant dans la moiteur des draps, De cette langueur mieux voluptueuse monte Un goût d'humanité qui ne va pas sans honte, Mais si bon, mais si bon qu'on croirait en manger! Dès lors, voudrais-je encor du poison étranger, D’une fragrance prise à la plante, à la bête, Qui vous tourne le coeur et vous brûle la tête, Puisque j'ai, pour magnifier la volupté, Proprement la quintessence de la beauté! |
Louis the Well-Loved didn’t care for scent. Nor I, I bear it, to a just extent, But let a pungent waft of nature float Around a body that excites this goat: No little bottles, no sachets in love! Experience and my fondest lust approve In the desired flesh, at each nudity, The odours of rude health and puberty Or a good whiff of fine ripe womanhood. I even relish - censor, down, be good ! - Those little fumes that genitals secrete And we keep secret, till we kneel and meet For holy accolades, those fumes we find In the caress itself, whatever kind. Then, when the pillow holds my sense of smell Tired like the others, having felt so well, And snoozing, when eyes dull and all but close In someone's face, a happy sign that shows Memories and hopes of twining limbs, when feet Kiss gently down there under their damp sheet, Then from that still more sensual faintness rise Tastes of humanity that some despise, A breath of shame, but good, so good you’d eat it. After that, could I want a foreign, fetid Venom from some plant’s crotch, some beast's behind, That makes your heart thump and burns out your mind? - When magnifying pleasure every day I’ve beauty in its essence: our bouquet! |
Trans. Copyright © Alistair Elliot 1979 - publ. Anvil Press
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