from COPLES | from COUNTERRIMES |
Paul-Jean Toulet | trans. Niall ONeill |
III Iris, à son brillant mouchoir, de sept feux illumine la molle averse qui chemine, harmonieuse à choir. Ah, sur les roses de l'été, sois la mouvante robe, molle averse, qui me dérobe leur aride beauté. Et vous, dont le rire joyeux m'a caché tant d'alarmes, puissé-je voir enfin des larmes monter jusqu'à vos yeux. VI Il pleuvait. Les tristes étoiles semblaient pleurer d'ennui. Comme une épée, à la minuit, tu sautas hors des toiles. - minuit! Trouverai-je une auto, par ce temps? Et le pire, c'est mon mari. Que va-t-il dire, lui qui rentre si tôt? - et s'il vous voyait sans chemise, vous, toute sa moitié? - ne jouez donc pas la pitié. - pourquoi? ... doublons la mise. X .............................................Fô a dit... "Ce tapis que nous tissons comme "Le ver dans son linceul "Dont on ne voit que l'envers seul : "C'est le destin de l'homme. "Mais peut-être qu'à d'autres yeux, "L'autre côté déploie "Le rêve, et les fleurs, et la joie "D'un dessin merveilleux." Tel Fô, que l'or noir des tisanes Enivre, ou bien ses vers, Chante, et s'en va tout de travers Entre deux courtisanes. XII LE GARNO l'hiver bat la vitre et le toit. Il fait bon dans la chambre, À part cette sale odeur d'ambre Et de plaisir. Mais toi, Les roses naissent sur ta face Quand tu ris près du feu ... Ce soir tu me diras adieu, Ombre, que l'ombre efface. XVI Trottoir de l'Élysée-Palace ........Dans la nuit en velours Où nos coeurs nous semblaient si lourds ........Et notre chair si lasse; Dôme d'étoiles, noble toit, ........Sur nos âmes brisées, Taxautos des Champs-Élysées, ........Soyez témoins; et toi, Sous-sol dont les vapeurs vineuses ........Encensaient nos adieux - Tandis que lui perlaient aux yeux ........Ses larmes vénéneuses. XVIII Géronte d'une autre Isabelle, à quoi t'occupes-tu d'user un reste de vertu contre cette rebelle? La perfide se rit de toi, plus elle t'encourage. Sa lèvre même est un outrage. Viens, gagnons notre toit. Temps est de fuir l'amour, Géronte, et son arc irrité. l'amour, au déclin de l'été, ni la mer, ne s'affronte. XIX ................................Rêves d'enfant. Circé des bois et d'un rivage Qu'il me semblait revoir, Dont je me rappelle d'avoir Bu l'ombre et le breuvage; Les tambours du Morne Maudit Battant sous les étoiles Et la flamme où pendaient nos toiles d'un éternel midi; Rêves d'enfant, voix de la neige, Et vous, murs où la nuit Tournait avec mon jeune ennui ... Collège, noir manège. XL L'immortelle, et l'oeillet de mer Qui pousse dans le sable, La pervenche trop périssable, Ou ce fenouil amer Qui craquait sous la dent des chèvres Ne vous en souvient-il, Ni de la brise au sel subtil Qui nous brûlait aux lèvres? LXX La vie est plus vaine une image que l'ombre sur le mur. Pourtant l'hiéroglyphe obscur qu'y trace ton passage m'enchante, et ton rire pareil au vif éclat des armes; et jusqu'à ces menteuses larmes qui miraient le soleil. Mourir non plus n'est ombre vaine. La nuit, quand tu as peur, n'écoute pas battre ton coeur: c'est une étrange peine. | III Iris, with her brilliant pall Lights with seven fires dancing The gentle rain, advancing, Musical. Ah, on the summer roses Hang the changing train, And veil, soft rain, Their arid poses. And you, whose joyous cries Concealed such fears May I at last see tears Fill your eyes. VI It was raining. The stars, in a word Seemed bored to tears. At midnight, you leaped like a sword, Enveloped in fears. Midnight! Will I find a taxi At this hour? There'll be a row, It's my husband. What will he do with the facts he Faces now? - And if he saw you naked His better half, out of her wits? - Don't pretend pity or fake it. - Why not? Let’s make it doubles or quits. X "This tapestry we plait Like a worm in his pall Of which one never sees all: That is man’s lot." "But perhaps for another eye The other side may show The dream, and the flowers, and the glow Of a marvellous design." That Fô, whom the dark gold tisanes, or indeed his verses, inebriate, Leaves singing, in a state Between two courtesans. XII Winter batters window and roof. It’s good in the bedchamber, save this rank smell of amber And pleasure. But you, Roses bloom in your face When you laugh by the hearth ... Tonight you depart, Shadow, that shadows erase. XVI By the Elysée Palace ........in the velvety eve when our hearts seemed to heave ........and our flesh without solace; Dome of stars, noble roof, ........See our souls on the rack, See, Elysée taxis, ........bear witness; and you Basement bar, bless our goodbyes ........with winy fumes while tears of doom ........make pearls of her eyes. XVIII Old man, What earthly use is Being honorable With this flirt? The tease is laughing at you, As she leads you on. Her very lips are an insult. Come on home. It is time to shun love, old man, And his angry bow. Tackle neither love, nor the sea At summer’s end. XIX Circé of shore and glade, I seem to see again, With whom I thought to drain The potion and the shade; The drums of Maudit Hill Beating under the moon, In the heat of an eternal noon Our clothes hang, still; A child’s dreams, the snow’s spell, Walls where the nights’ decrees Nurtured my green unease ... School, bleak carousel. XL The sea-pink and the immortelle That sprout through the shingle, The delicate periwinkle, Or the bitter fennel That the goats' teeth nips - Don't you remember these, And the subtle salt breeze That burned our lips? LXX Life’s a diagram more vain than shadows on a wall. What if some deep elliptic hieroglyph that marks your train enthrals me, and your laughter bright and startling as the clash of spears; and even these deceitful tears that mirror the sunlight. Nor is death hollow, nor vain. At night, when terrors come, Block out your heart’s drum: It is an alien pain. |
Paul-Jean Toulet (1867-1920) composed Coples, a collection of 109 epigrammatic verses,
Trans. Copyright © Niall ONeill 2009