L'EAU DES ANCIENS CANAUX ... | SAD WATERS |
Georges Rodenbach | trans. James Kirkup |
L'eau des anciens canaux est débile et mentale, Si morne, parmi les villes mortes, aux quais Parés d'arbres et de pignons en enfilade Qui sont, dans cette eau pauvre, à peine décalqués, Eau vieillie et sans force; eau malingre et déprise De tout élan pour se raidir contre la brise Qui lui creuse trop de rides ... Oh! la triste eau Qui va pleurer sous les ponts noirs et qui s'afflige Des reflets qu'elle doit porter, eau vraiment lige, Et qui lui sont comme un immobile fardeau. Mais, trop âgée, à la surface qui se moire, Elle perd ses reflets, comme on perd la mémoire, Et les délaie en de confus mirages gris. Eau si dolente, au point qu'elle en semble mortelle, Pourquoi si nue et si déjà nulle? Et qu'a-t-elle, Toute à sa somnolence, à ses songes aigris, Pour n'être ainsi plus qu'un traître miroir de givre Où la lune elle-même a de la peine à vivre? |
These ancient canals' waters are feeble-minded, So mournful among the dead towns, along the quays Adorned by trees and endless rows of gable-ends Barely reflected in these weakened waters, Waters grown old, without life; sickly, and lacking Even the strength to brace themselves against the breeze That pleats them too full of wrinkles ... Oh, sad waters That go and weep under black bridges and are grieved, Truly enslaved by reflections they have to bear, That they feel are their own immovable burdens. Age-old, they lose, upon the rippling surfaces Those reflections, as they have lost their memories, Shuffling them in confusions of grey mirages. Waters suffering so, seem about to expire - Why are they so bare, already less than nothing? What ails them, lost in their somnolence's sour dreams? They are no more now than a deceptive mirror Of frost, where even the moon can hardly survive. |
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