DIMANCHES | SUNDAYS |
Georges Rodenbach | trans. James Kirkup |
Morne l'après-midi des dimanches, l'hiver, Dans l'assoupissement des villes de province, Où quelque girouette inconsolable grince Seule, au sommet des toits, comme un oiseau de fer! Il flotte dans le vent on ne sait quelle angoisse! De très rares passants s'en vont sur les trottoirs: Prêtres, femmes du peuple en grands capuchons noirs, Béguines revenant des saluts de paroisse. Des visages de femme ennuyés sont collés Aux carreaux, contemplant le vide et le silence, Et quelques maigres fleurs, dans une somnolence, Achèvent de mourir sur les châssis voilés. Et par l'écartement des rideaux des fenêtres, Dans les salons des grands hôtels patriciens On peut voir, sur des fonds de gobelins anciens, Dans de vieux cadres d'or, les portraits des ancêtres, En fraise de dentelle, en pourpoint de velours, Avec leur blason peint dans un coin de la toile, Qui regardent au loin s'allumer une étoile Et la ville dormir dans des silences lourds. Et tous ces vieux hôtels sont vides et sont ternes, Le moyen âge mort se réfugie en eux; C'est ainsi que, le soir, le soleil lumineux Se réfugie aussi dans les tristes lanternes. Ô lanternes, gardant le souvenir du feu, Le souvenir de la lumière disparue, Si tristes dans le vide et le deuil de la rue Qu'elles semblent brûler pour le convoi d'un Dieu! Et voici que soudain les cloches agitées Ébranlant le Beffroi debout dans son orgueil, Et leurs sons, lourds d'airain, sur la ville au cercueil Descendent lentement comme des pelletées! |
Melancholy Sunday afternoons in winter In the somnolences of provincial boroughs Where some inconsolable weather-vane keeps screeching All alone on a roof-top, rusted iron bird! On the wind floats an indescribable anguish! Rare passers-by move seldom along the pavements: Priests, working women in huge black hooded mantles; Beguines, returning from parochial visits. The dissatisfied faces of women are faint At the windows, observing emptiness, silence, And a few limp flowers in slumbrous inanition Struggle to die in the lace-curtained little frames. And between the swags of velvet draping casements Of the drawing-rooms in grand patrician abodes One glimpses, on backgrounds of ancient gobelins, In antiquated gilded frames, ancestral portraits In ruffs of lace, in velvet doublet and hose, Escutcheon blasoned in corners of the canvas, Who gaze into the distance at a first faint star And the towship asleep in heavy silences. And all these old houses are empty and tarnished; The dead Middle Ages seek refuge within them As in the evenings sometimes a luminous sun Seeks refuge within their lugubrious lanterns. O, lanterns -- you who preserve the secret of fire, The memories of radiances now disappeared, So mournful in the streets' sorrowful emptiness, Seeming to burn for some god's funeral cortège! And now, suddenly, the carillon of bells Shakes to its foundations the pride of the Belfry, And their peals, heavily brazen, collapse on the corpse Of the town, in leisurely shovelfuls of earth. |
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