LA MALINE | TEMPTRESS |
Arthur Rimbaud | trans. Martin Bennett |
Dans la salle à manger brune, que parfumait Une odeur de vernis et de fruits, à mon aise Je ramassais un plat de je ne sais quel met Belge, et je m'épatais dans mon immense chaise. En mangeant, j'écoutais l'horloge, - heureux et coi. La cuisine s'ouvrit avec une bouffée, - Et la servante vint, je ne sais pas pourquoi, Fichu moitié défait, malinement coiffée Et, tout en promenant son petit doigt tremblant Sur sa joue, un velours de pêche rose et blanc, En faisant, de sa lèvre enfantine, une moue, Elle arrangeait les plats, près de moi, pour m'aiser; - Puis, comme ça, - bien sûr, pour avoir un baiser, - Tout bas: "Sens donc, j'ai pris une froid sur la joue ..." |
The dining room was brownly grandiose; Fruit and varnish perfumed the air. I was downing a plate of Belgian potatoes, My body dwarfed by an enormous chair. The clock sounded a minor symphony On the hour. A rustle on the kitchen stair And with a sly dishevelled hint at why, The maidservant entered, mane of auburn hair Tumbling about her shoulders, little finger To her lips. She cleared the plates, then lingered So close that my eyes couldn't help but stray: How butterflies of desire fluttered and flew, Her downy cheek touched by the sun's last ray, Her décolletage a dream come true ... |
Trans. copyright © Martin Bennett 2005; publ. Modern Poetry in Translation III.4