LES CHERCHEUSES DE POUX | THE LOUSE CATCHERS |
Arthur Rimbaud | trans. Elsie Callander |
Quand le front de l'enfant, plein de rouges tourmentes, Implore l'essaim blanc des rêves indistincts, Il vient près de son lit deux grandes soeurs charmantes Avec de frêles doigts aux ongles argentins. Elles assoient l'enfant auprès d'une croisée Grande ouverte ou l'air bleu baigne un fouillis de fleurs, Et dans ses lourds cheveux ou tombe la rosée, Promènent leurs doigts fins, terribles et charmeurs. Il écoute chanter leurs haleines craintives Qui fleurent de longs miels, végétaux et rosés, Et qu'interrompt parfois un sifflement, salives Reprises sur la lèvre ou désirs de baisers. Il entend leurs cils noirs battant sous les silences Parfumés-, et leurs doigts électriques et doux Font crépiter parmi ses grises indolences Sous leurs ongles royaux la mort des petits poux. Voilà que monte en lui le vin de la Paresse, Soupir d'harmonica qui pourrait délirer; L'enfant se sent, selon la lenteur des caresses, Sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer. |
When the childs brow, red with raging turmoil, Implores the white swarm of shadowy dreams, Close to the bed come two tall sisters, charmers, With gossamer fingers, silvery-nailed. They seat him by a window opened wide, Where blue air bathes a web of tangled blossom, And in his heavy hair on which the dew drips down, Run their dread fingers, delicate, bewitching. He hears the humming of their nervous breathing, Fragrant with balmy honeys, long and golden, And intermpted now and then by sucking, Spittle gathered on the lip or kisses yearned for. Amid the scented hush he hears the flick Of their black lashes; through his grey languor The regal nails and soft electric fingers Crackle to death the scores of tiny lice. Now in his heart wells up the wine of Sloth, A sigh from a harmonica, which might turn To frenzy; the child feels the tears forever Mount and ebb within him as the caressing slows. |
Trans. copyright © Elsie Callander 2002