LES CHERCHEUSES DE POUX | THE SEEKERS OF LICE |
Arthur Rimbaud | trans. Jeremy Harding |
Quand le front de l'enfant, plein de rouges tourmentes, Implore l'essaim blanc des rêves indistincts, Il vient près de son lit deux grandes soeurs charmantes Avec de frêles doigts aux ongles argentins. Elles assoient l'enfant auprès d'une croisée Grande ouverte ou l'air bleu baigne un fouillis de fleurs, Et dans ses lourds cheveux ou tombe la rosée, Promènent leurs doigts fins, terribles et charmeurs. Il écoute chanter leurs haleines craintives Qui fleurent de longs miels, végétaux et rosés, Et qu'interrompt parfois un sifflement, salives Reprises sur la lèvre ou désirs de baisers. Il entend leurs cils noirs battant sous les silences Parfumés-, et leurs doigts électriques et doux Font crépiter parmi ses grises indolences Sous leurs ongles royaux la mort des petits poux. Voilà que monte en lui le vin de la Paresse, Soupir d'harmonica qui pourrait délirer; L'enfant se sent, selon la lenteur des caresses, Sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer. |
When the boy's head, full of raw torment, Longs for hazy dreams to swarm in white, Two charming older sisters come to his bed With slender fingers and silvery nails. They sit him at a casement window, thrown Open on a mass of flowers basking in blue air, And run the fine, intimidating witchcraft Of their fingers through his dew-dank hair. He listens to their diffident, sing-song breath, Smelling of elongated honey off the rose, Broken now and then by a hiss: saliva sucked Back from the lip, or a longing to be kissed. He hears their dark eyelashes start in the sweet Smelling silence and, through his grey listlessness, The crackle of small lice dying, beneath The imperious nails of their soft, electric fingers. The wine of Torpor wells up in him then - Near on trance, a harmonica-sigh - And in their slow caress he feels The endless ebb and flow of a desire to cry. |
Trans. Copyright © Jeremy Harding 2004 - publ. Penguin Classics
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