MA BOHÈME | MY BOHEMIA (FANTASY) |
Arthur Rimbaud | trans. Jeremy Harding |
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées; Mon paletot aussi devenait idéal; J'allais sous le ciel, Muse! et j'étais ton féal; Oh! là là! que d'amours splendides j'ai rêvées! Mon unique culotte avait un large trou. - Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse. - Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur; Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur! |
I lit off with my hands in my torn pockets, My overcoat worn down to a notion; Walking beneath the sky, Muse! I was all yours. And - oh my! - what fabulous loves I dreamed of! My only trousers had a major hole. A dreamy Tom Thumb, I scattered verses in my path Like seed. I lodged under the Great Bear, My stars rustled gently in the sky. Sat on the road's edge, I listened out for them On fine September evenings, sampling the dew On my face like a heady wine, And rhyming in the thick of unfamiliar shadows, As I strummed the laces of my devastated boots Like lyre-strings, one foot by my heart. |
Trans. Copyright © Jeremy Harding 2004 - publ. Penguin Classics
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