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Jean Racine | trans. Tim Chilcott | ||||
Acte V, Scène 1 - HIPPOLYTE, ARICIE ARICIE Quoi! vous pouvez vous taire en ce péril extrême? Vous laissez dans l'erreur un père qui vous aime? Cruel, si de mes pleurs méprisant le pouvoir, Vous consentez sans peine à ne me plus revoir, Partez, séparez-vous de la triste Aricie. Mais du moins en partant assurez votre vie. Défendez votre honneur d'un reproche honteux, Et forcez votre père à révoquer ses voeux. Il en est temps encor. Pourquoi, par quel caprice Laissez-vous le champ libre à votre accusatrice? Éclaircissez Thésée. HIPPOLYTE
Devais-je, en lui faisant un récit trop sincère, D'une indigne rougeur couvrir le front d'un père? Vous seule avez percé ce mystère odieux. Mon coeur pour s'épancher n'a que vous et les dieux. Je n'ai pu vous cacher, jugez si je vous aime, Tout ce que je voulais me cacher à moi-même. Mais songer sous quel sceau je vous l'ai révélé. Oublier, s'il se peut, que je vous ai parlé, Madame. Et que jamais une bouche si pure Ne s'ouvre pour conter cette horrible aventure. Sur l'équité des dieux osons nous confier. Ils ont trop d'intérêt à me justifier; Et Phédre tôt ou tard de son crime punie, N'en saurait éviter la juste ignominie. C'est l'unique respect que j'exige de vous. Je permets tout le reste à mon libre courroux. Sortez de l'esclavage où vous êtes réduite. Osez me suivre. Osez accompagner ma fuite. Arrachez-vous d'un lieu funeste et profané Où la vertu respire un air empoisonné, Profitez pour cacher votre prompte retraite, De la confusion que ma disgrâce y jette. Je vous puis de la fuite assurer les moyens, Vous n'avez jusqu'ici de gardes que les miens, De puissants défenseurs prendront notre querelle. Argos nous tend les bras, et Sparte nous appelle; A nos amis communs portons nos justes cris, Ne souffrons pas que Phèdre assemblant nos débris Du trône paternel nous chasse l'un et l'autre, Et promette à son fils ma dépouille et la vôtre. L'occasion est belle, il la faut embrasser. Quelle peur vous retient? Vous semblez balancer? Votre seul intérét m'inspire cette audace. Quand je suis tout de feu, d'où vous vient cette glace? Sur les pas d'un banni craignez-vous de marcher? ARICIE Hélas! qu'un tel exil, Seigneur, me serait cher! Dans quels ravissements, à votre sort liée Du reste des mortels je vivrais oubliée! Mais n'étant point unis par un lien si doux Me puis-je avec honneur dérober avec vous? Je sais que sans blesser l'honneur le plus sévère, Je me puis affranchir des mains de votre père. Ce n'est point m'arracher du sein de mes parents, Et la fuite est permise à qui fuit ses tyrans. Mais vous m'aimez, Seigneur. Et ma gloire alarmée ... ............ ............ | Act V, Scene I - HIPPOLYTUS, ARICIA ARICIA How can you in this danger still keep quiet? Your father loves you still. You'll keep him ignorant? It's cruel to hold my grief so cheap, agree So easily to never see me more. Then go. Leave me to all my wretchedness. But if you go, at least protect your life. You must defend your name front smears and shame And force your father to retract his curse. There is still time. What whim, capriciousness, Makes you let Phaedra have an open field? Explain to Theseus. HIPPOLYTUS
To light? Should I have told so frank a tale As make his face turn scarlet with the shame? This awful secret you alone now know. I've opened up my heart to you ... the gods. Judge if I love. I couldn't hide from you Things I would keep secret from myself. Remember, though - you've sworn to secrecy. If possible, forget the things I've said. Your lips are clean. They should not tell The story of this foul affair. We must dare trust the justice of the gods. They have some interest in clearing me. Sooner or later, Phaedra will receive The odium her crime deserves. She won't escape. But this now - this is all I ask of you. The rest of things can face my rage. Throw off the slavery that's ground you down, Dare follow me. Be with me in my flight. Leave far behind this deadly, obscene place Where goodness breathes a foul polluted air. We can exploit the turmoil that's been spread By my disgrace to cover up your flight. I can make sure that you will get away. The only guards you have are my own men. Powerful defenders will support our cause, Argos holds out its arms, and Sparta calls. Let's take our rightful claims to friends we share. Phaedra must not gain profit from our fall - She'd drive us both far from my father's throne And give her son what has been stripped from us. This is our chance. Let's seize it with both hands ... What holds you back? You seern to hesitate. It's only for your sake I urge this plan. When I am all on fire, why are you ice? Are you afraid to share an exile's life? ARICIA Such banishment, my lord, would be so sweet. I'd share your life and be in such delight Forgotten by the rest of humankind. But we are not yet joined in that dear bond. How in all honour can I go with you! I know I can escape your father's hands And do no harm to honour's strictest codes. I would not then be breaking family ties; To flee a tyrant is within the law. You love me, though, my lord ... I fear my name ... ............ ............ |
Trans. Copyright © Tim Chilcott 2003