SOLEILS COUCHANTS - VI | SUNSET |
Victor Hugo | trans. Harry Guest |
Le soleil s'est couché ce soir dans les nuées; Demain viendra l'orage, et le soir, et la nuit; Puis l'aube, et ses clartés de vapeurs obstruées; Puis les nuits, puis les jours, pas du temps qui s'enfuit! Tous ces jours passeront; ils passeront en foule Sur la face des mers, sur la face des monts, Sur les fleuves d'argent, sur les forêts où roule Comme un hymne confus des morts que nous aimons. Et la face des eaux, et le front des montagnes, Ridés et non vieillis, et les bois toujours verts S'iront rajeunissant; le fleuve des campagnes Prendra sans cesse aux monts le flot qu'il donne aux mers. Mais moi, sous chaque jour courbant plus bas ma tête, Je passe, et, refroidi sous ce soleil joyeux, Je m'en irai bientôt, au milieu de la fête, Sans que rien manque au monde, immense et radieux! |
The sun has set this evening in clouds - a storm tomorrow, evening, then the dark: then dawn again, its candour streaked with haze, then nights, then days, prints left by fleeing time. These days must pass, pass crowding on expanse of sea and mountain-top, on glittering rivers, woods that shift with blurred murmurs like psalms from loved mouths of the dead. Stretches of ocean, of sheer upland rock - wrinkled, unaging - pass restored through time, and the woods green and again green. The river takes from the hills the stream it feeds the sea. But I, bent lower underneath each dawn, pass by, and chilled in all this gaiety of sun must soon depart, this splendour all around, leaving no gap in the world's wide radiance. |
Trans. copyright © Harry Guest 1981, 2002 - publ. Anvil Press
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