FORÊT | FOREST |
Rémy de Gourmont | trans. Anna Cole |
Ô Forêt, toi qui vis passer bien des amants Le long de tes sentiers, sous tes profonds feuillages, Confidente des jeux, des cris, et des serpents, Témoin à qui les âmes avouaient leurs orages. Ô Forêt, souviens-toi de ceux qui sont venus Un jour d'été fouler tes mousses et tes herbes, Car ils ont trouvé là des baisers ingénus Couleur de feuilles, couleur d'écorces, couleur de rêves. Ô Forêt, tu fus bonne, en laissant le désir Fleurir, ardente fleur, au sein de ta verdure. L'ombre devint plus fraîche: un frisson de plaisir Enchanta les deux coeurs et toute la nature. Ô Forêt, souviens-toi de ceux qui sont venus Un jour d'été fouler tes herbes solitaires Et contempler, distraits, tes arbres ingénus Et le pâle océan de tes vertes fougères. |
Deep forest, who have seen so many lovers pass Along your paths and there beneath your shady leaves, The confidant of romps and promises, nameless Beings whose stormy vows you willingly receive. Dear forest, remember if you will, the ones who came One summer day, to trample down your swathes of grass; Ingenuous they were, their honeyed kiss the same Colour as leaves, of rugged bark, of dreams on moss. Bright forest, you were good, allowing that desire To flourish, ardent flower, in your leafy heart. The shade grew cool, a frisson of delicious fire Enchanted both their souls and all of nature's art. Bleak forest, remember if you will the ones who came One summer day to crush your cloistered grass once more, To view with apathy your innocent domain, The undulating sea of ferns they knew before. |
Trans. copyright © Anna Cole 2002