LA MANSARDE | THE GARRET |
Théophile Gautier | trans. Peter Dale |
Sur les tuiles où se hasarde Le chat guettant l'oiseau qui boit, De mon balcon une mansarde Entre deux tuyaux s'aperçoit. Pour la parer d'un faux bien-être, Si je mentais comme un auteur, Je pourrais faire à sa fenêtre Un cadre de pois de senteur, Et vous y montrer Rigolette Riant à son petit miroir, Dont le tain rayé ne reflète Que la moitié de son oeil noir; Ou, la robe encor sans agrafe, Gorge et cheveux au vent, Margot Arrosant avec sa carafe Son jardin planté dans un pot; Ou bien quelque jeune poète Qui scande ses vers sibyllins, En contemplant la silhouette De Montmartre et de ses moulins. Par malheur, ma mansarde est vraie; Il n'y grimpe aucun liseron, Et la vitre y fait voir sa taie, Sous l'ais verdi d'un vieux chevron. Pour la grisette et pour l'artiste, Pour le veuf et pour le garçon, Une mansarde est toujours triste: Le grenier n'est beau qu'en chanson. Jadis, sous le comble dont l'angle Penchait les fronts pour le baiser, L'amour, content d'un lit de sangle Avec Suzon venait causer. Mais pour ouater notre joie, II faut des murs capitonnés, Des flots de dentelle et de soie, Des lits par Monbro festonnés. Un soir, n'étant pas revenue, Margot s'attarde au mont Bréda, Et Rigolette entretenue N'arrose plus son réséda. Voilà longtemps que le poète Las de prendre la rime au vol, S'est fait reporter de gazette, Quittant le ciel pour l'entresol. Et l'on ne voit contre la vitre Qu'une vieille au maigre profil, Devant Minet, qu'elle chapitre, Tirant sans cesse un bout de fil. |
Out on the tiles where the cat risks all, Watching a bird that takes a drink, From my balcony I see a small Garret between two pipes that kink. To furnish it with fake well-being, If, like an author, I were to lie, Upon that sill I could be seeing A box of sweet peas tangling high. And I could show you Rigolette Laughing in her looking-glass Whose streaky quicksilver can get But half her black eye in; or pass Off Margot, dress not yet done up, Breeze at her bosom and her hair, Watering from her jug or cup Her garden in a crock-pot there; Or else some budding poet inset, Scanning his sibylline verse, his eye Towards Montmartre’s silhouette, Its windmills stood against the sky. Unluckily, my garret’s real: No convolvulus climbing round, And frosted glass the panes reveal Beneath beams rotting green, unsound. And for the artist and the tart, For widower and unattached, A garret’s dreary from the start; In song alone an attic’s unmatched. Beneath the roof whose angle bent Heads close to kiss in earlier time, Love, with truckle bed content, For chats with Suzon used to climb. For cosseting our joy today There must be walls quilted all through, And floods of lace and silk array, And beds decked out by Monbro, too. Failing one evening to return, Margot at Mount Breda delays, And Mignonette’s no more concern Of Rigolette who’s kept these days. It’s ages since the poet quit, Tired of catching rhymes in flight, And turned reporter, in a flit From sky to the mezzanine’s height. You just see now, against the pane, An old, thin-featured woman pull In front of puss, again and again, Scolding away, a piece of wool. |
Trans. copyright © Peter Dale 2006