RENCONTRE | MEETING |
Charles Frémine | trans. Niall ONeill |
Quand l'aube frange de satin Les toits où le moineau babille, En voiture, chaque matin, Je rencontre une jeune fille. Rênes en main et joue en fleur, Elle arrive à travers la brume, Blonde, et pressant avec ardeur Son cheval qui galope et fume. Laitière, elle apporte du lait Dans de brillants vases de cuivre; Des champs l'odeur du serpolet A la ville semble la suivre. Désirant voir de près ses yeux, L'autre jour, je lui fis un signe Qu'elle comprit on ne peut mieux: J'allai vers elle en droite ligne. Comme ses yeux étaient fort doux Je hasardai ces mots sublimes: "O belle laitière, auriez-vous "Encore du lait pour dix centimes?" Un charmant sourire entr'ouvrit Sa belle lèvre arquée et franche, Et dans le bol qu'elle m'offrit Je bus la liqueur douce et blanche. "Bonjour!" Elle me dit:"Bonjour!" En vain j'aurais voulu la suivre, Car, soit de lait ou soit d'amour, Il est certain que j'étais ivre. | As dawn satins the roof Where small birds chirp and dart Every morn sounds a hoof, Comes a girl on a cart. Reins in hand, cheeks aflush, She comes fair through the haze, Her horse all in a rush Steamy breath nigh ablaze. Still coated in rime Are her bright churns of copper. Her perfume is wild thyme As she opens the stopper. To look close in her eyes I once made an excuse. She replied in her wise: Did she see through the ruse? As her eyes were so deep I chanced phrases of silk: "O fair maid, do you keep yet ten cents worth of milk?" A charming smile hovered On her lips arch and frank, From the bowl that she proffered The sweet liquor I drank. Then she bade me good day! Vain with her would I rove. I was drunk, must I say Or on milk or on love. |
Trans. copyright © Niall ONeill 2009