SOL INAPPARENT | INVISIBLE EARTH |
Gilles Cyr | trans. Patrick Williamson |
Le seuil et tout de suite c'est - la journée. Au pas, sans relâche, au pas et en route, dans nos pas labourés. *** Paille, paille au front. Le seuil, rien pour nous, est paille. J'ai couru sur les pierres froides. *** Le froid n'est pas très loin du froid qui tranche. C'est, quand le jour désunit, le commencement de l'air. - Je m'arrête aussitôt, pour voir cet air. *** Pas de montagnes, sauf une rassérénée, plus dure: visible - dans sa porte. J'irai jusqu'à cette porte, je la souffletterai. *** Cet air, devant la montagne je sors de là, usé comme la pierre ou le champ la montagne se resserre - *** L'arbre de l'hiver éclaté, la neige fruste des ventis. Le ciel écrasé se relève sans respirer. *** Le jour est clair et un peu sombre. Les arbres, les montagnes sont à leur place. Un nuage tient la terre. Il y a de la terre jusqu'à moi. *** L'air le jour battant. Je traverse la tête, traverse les terres. Il n'y a pas de vent. La poussière pérenne finit au bord du chemin blanc. *** Comme je regarde, arrivant par la route. À la courbe de la route, le vent séché, le vent qui coupe la récolte. Ce qu'on jette dans l'air mūr s'obscurcit encore. *** Le nuage a caché la route. Personne n'a bougé, le vent s'est perdu. Nous-mêmes nous nous sommes perdus. Alors seulement nous avons appelé - *** Où il n'y a pas de route. Où ce qui reste d'une route est le silence. On attend un moment sur le grand sol. Et le sol, à nouveau, rejoint le front qui fraîchit. *** Difficilement le jour est fermé. Le proche et le lointain s'éloignent. Le silence prend nos visages. Le silence prend nos mains pour s'éclairer. *** L'heure n'a pas pu tout emporter. Il reste encore un peu d'espace. Nous y courons. Quand la route tourne nous nous regardons - |
The threshold and immediately it's - daytime at walking pace, without a break, at walking pace and off we go, in our ploughed steps. *** Straw, straw at the front. The threshold, nothing to us, is straw. I ran on the cold stones. *** The day is not far removed from the cold which cuts. When the day disunites, this is the beginning of air. I stop at once, to see this air. *** No mountains, except one made serene, harder: visible - in its door. I will go up to this door, I will slap its face. *** This air, in front of the mountain I come out of there, worn like the stone or the field the mountain contracts - *** The tree of splintered winter, the rough snow of trees torn down. The crushed sky recovers holding its breath. *** The day is clear and a little dark. The trees, the mountains, are in place. A cloud holds the earth. I am an extremity of earth. *** The air the beating day. I cross the head, cross the lands. There is no wind. The perennial dust ends up on the white path's edge. *** As I look, arriving by the road. At the bend of the road, the dried wind, the wind that slashes the harvest. What we throw in the ripe air darkens even more. *** The cloud hid the road. Nobody moved, the wind became lost. Ourselves too, got lost. So only we called - *** Where there is no road. Where what remains of a road is silence. We wait for a moment on the high ground. And the ground, once again, meets the brow that freshens. *** With difficulty, the day is closed. What is near and distant moves away. The silence takes our faces. The silence takes our hands to give itself light. *** The hour couldn't take everything away. There is still a little space left. We run to it. When the road curves we look at each other - |
Copyright © 2004 Gilles Cyr and Guernica Editions Inc.; Trans. copyright © 2004, by Patrick Williamson and Guernica Editions Inc. - publ. Guernica Editions Inc. 2006