STANCES À MARQUISE | STANZAS TO MARQUISE |
Pierre Corneille | tr. Thomas D. Le |
Marquise, si mon visage A quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu'à mon âge Vous ne vaudrez guère mieux. Le temps aux plus belles choses Se plaît à faire un affront, Et saura faner vos roses Comme il a ridé mon front. Le même cours des planètes Règle nos jours et nos nuits; On m'a vu ce que vous êtes Vous serez ce que je suis. Cependant j'ai quelques charmes Qui sont assez éclatants Pour n'avoir pas trop d'alarmes De ces ravages du temps. Vous en avez qu'on adore; Mais ceux que vous méprisez Pourraient bien durer encore Quand ceux-là seront usés. Ils pourront sauver la gloire Des yeux qui me semblent doux, Et dans mille ans faire croire Ce qu'il me plaira de vous. Chez cette race nouvelle, Où j'aurai quelque crédit, Vous ne passerez pour belle Qu'autant que je l'aurai dit. Penzez-y, belle Marquise, Quoiqu'un grison fasse effroi, Il vaut bien qu'on le courtise, Quand il est fait comme moi. | Marquise, if my face Shows some old features, Remember at my age You will fare no better. Time to all things fair Deigns to make no bow, And fades your roses As it wrinkles my brow. The same course of planets Rules our days and our nights; We know your present looks Will soon be just like mine. Yet I have some charms That are fair stunnin' Having shunned the harms Of time's destruction. Yours all men adore, Those you treat with scorn May last till the time When yours will look worn. They may save the glory Of your sweetest eyes too, A thousand years preserve What pleases me in you. In this new race of men To which I owe my due You pass as beautiful Because I sing of you. Think, therefore, fair Marquise, Though hoary head may scare, Cherish age for its worth, As it's how mine does fare. |
Trans. Copyright© Thomas D. Le