LE BEL ÉTÉ | THE BEAUTIFUL SUMMER |
Yves Bonnefoy | trans. Anthony Rudolf |
Le feu hantait nos jours et les accomplissait, Son fer blessait le temps à chaque aube plus grise, Le vent heurtait la mort sur le toit de nos chambres, Le froid ne cessait pas d'environner nos coeurs. Ce fut un bel été, fade, brisant et sombre, Tu aimas la douceur de la pluie en été Et tu aimas la mort qui dominait l'été Du pavillon tremblant de ses ailes de cendre. Cette année-là, tu vins à presque distinguer Un signe toujours noir devant tes yeux porté Par les pierres, les vents, les eaux et les feuillages. Ainsi le soc déjà mordait la terre meuble Et ton orgueil aima cette lumière neuve, L'ivresse d'avoir peur sur la terre d'été. Souvent dans le silence d'un ravin J'entends (ou je désire entendre, je ne sais) Un corps tomber parmi des branches. Longue et lente Est cette chute aveugle; que nul cri Ne vient jamais interrompre ou finir. Je pense alors aux processions de la lumière Dans le pays sans naître ni mourir. |
Fire haunted our days and completed them, Its blade wounded time with each grayer dawn. The wind clashed with death on the roof over our beds. The cold surrounded our hearts unceasingly. It was a beautiful summer, dull, rending, dark, You loved the sweetness of the summer showers And you loved death which dominated summer From the trembling pavilion of its ashy wings. That year you were almost able to discern A sign still black and brought to your attention By the stones, the winds, the waters and the leaves. And so the plough had started biting the loose earth And your pride loved this new light, The ecstasy of fear upon the summer earth. Often in the silence of a ravine I hear (or wish to hear, I do not know) A body falling through the branches. This blind fall that no cry ever Interrupts or ends is long and slow. Then I think how light traces a path through The land where no one dies, no one is born. |
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