LE VIN DU SOLITAIRE | LONELY MAN’S WINE |
Charles Baudelaire | trans. Robert Yates |
Le regard singulier d'une femme galante Qui se glisse vers nous comme le rayon blanc Que la lune onduleuse envoie au lac tremblant, Quand elle y veut baigner sa beauté nonchalante, Le dernier sac d'écus dans les doigts d'un joueur; Un baiser libertin de la maigre Adeline; Les sons d'une musique énervante et câline, Semblable au cri lointain de l'humaine douleur, Tout cela ne vaut pas, ô bouteille profonde, Les baumes pénétrants que ta panse féconde Garde au coeur altéré du poète pieux; Tu lui verses l'espoir, la jeunesse et la vie, - Et l'orgueil, ce trésor de toute gueuserie, Qui nous rend triomphants et semblables aux Dieux! |
A gallant woman’s singular glance Sliding towards us like the white beam The undulating moon sends to the trembling lake Where she wishes to bathe her nonchalant beauty; The last bag of coins in a gamer’s hands; A wanton kiss from some skinny flirt; Annoying and tender, musical sounds Like the distant cry of humanity’s hurt None of that equals, bottle deep, The penetrating balms you keep For the sacred poet’s debased heart You pour him hope and youth and life And the beggar’s only treasure - pride, That turns us all conquering, godlike! |
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Trans. Copyright © Robert Yates 2006